Dour, Belgique, 13 > 16 juillet 2006

Publié le par Ether

Quatre jours de musique de toute sorte, pop, rok, électro, reggea, jazz, métal, punk, rap, hip-hop, beat-box… A Dour il y en a pour tous les goûts et pour toutes les couleurs, c’est ce qui en fait le charme : d’habitude on trouve dans ce genre de festivals éclectiques des têtes d’affiches, ou simplement divers noms réunis là par hasard. A Dour on a eu le plaisir d’avoir vu une programmation assez pointue dans pas mal de domaines musicaux. Voici donc le récit de mes déambulations sonores autour d’une quarantaine de groupes, sur les quelques 130 présents au cours de cette dix-huitième édition.


Jour n° 1

 

Je débarque du train régional vers les 16h, mais c’est pas fini : encore une navette, remplie de festivaliers ensués ; je me répète : tu l’as choisi ma vieille, pas le moment de râler, une bonne galère tous les ans, ça peut pas faire de mal, au contraire c’est hygiénique, ça t’évites de t’habituer trop au confort. J’avais pas fini d’utiliser la méthode Coué : arrivé sur le site, il faut se taper 15 mn à pied avec les sacs sur le dos, et il y a déjà presque plus de place au camping… Ceux qui connaissent un peu Dour sont venus dès le matin pour se réserver un bout de terre fraîche, tout un équilibre à trouver pour être stratégiquement placé loin des éventuelles pissotières ou rivières de pisse qui bordent les rangées d’arbre (c’est bien connu la gente masculine est sylvophile) et qui font de tout festival en plein air un festival digne de ce nom, et près de l‘ombre quand même pour éviter, une fois qu’on s’est couché à 6h ou 7h du mat’, d’être réveillé par un soleil pas Ricoré du tout, mais plutôt genre, « dizipline, aufchtehen sofooort ! ». Alors une fois ma toute nouvelle tente ultra-light plantée dans le sol, dans un endroit à peu près convenable grâce à la galanterie de deux jeunes wallons, je  me retrouve devant les 6 scènes -et oui rien de moins ma p’tite dame- du festival, un peu paumée je l’avoue puisque zéro indication taxinomique. Zou, lets’go to…Art Brut, sur la grande scène, ils commençaient à 19h15. Bang, Bang, rockand Roll me réveille à peine de cette journée poisseuse, à distance et sur cette scène les Art brut n’ont l’air que d’un groupe de pop british en plus, alors je prends la poudre d’escampette pour aller voir Jackson and his computer band, que j’avais déjà vu cette année au festival Paysages électroniques, à Lille. Pour être franche, je l’attends vraiment au tournant Jackson, parce qu’il m’a franchement déçue la dernière fois. Il a une demi-heure de retard, ça commence mal…On nous explique que c’est parce que son chauffeur, au lieu de l’amener sur le site, l’a conduit directement à son hôtel, croyant qu’il avait fini son set. Ouais, bon, passe encore. Je constate toutefois avec bonheur que le show a pris un petit peu de bouteille, ou alors est-ce l’horaire qui lui est mieux adapté ? Le problème avec Jackson, c’est qu’il colle du Jackson sur du dancefloor, au lieu de jouer du dancefloor à la Jackson…et souvent ça donne un truc bruitiste, entre quelque chose de trop cérébral ou de juste pas efficace. Allez, encore un effort sur les transitions, et l’année prochaine on te mets à 21h ! Me voilà à présent devant Sweatshop live, que je ne connais pas, sur la scène de la « Petite maison dans la prairie » (ce qu’ils sont bucoliques et rêveurs ces belges !). Deux synthés, une ligne de beats profonde, des éclats aigus font de cette sorte de house quelque chose d’assez agréable. Pas le temps d’écouter plus longtemps, car en face, au « club circuit marquee », les 4 turntablistes fous des Birdy Nam Nam commencent déjà à s’installer. Le set s’accélère, monte en puissance, devant une foule qui exulte. Nos quatre larrons s’introduisent presque à chaque morceau les uns après les autres en citant le nom de l’instrument qu’ils scratchent : ex : Little Mike à la batterie, et le son du scratch imite une batterie, etc. Le morceau Le chant des baleines, qui commence comme un morceau de pur électro, se transforme peu à peu en break déjanté, puis en techno tribale, enfin en onde tournoyante, sorte d’incantation vaudou complètement folle. Guitare funk et basse hip-hop se mélangent ensuite à une boucle de jungle, mon dieu mais quel mélange détonant, et tout tient la route sans problème ! En 45 mn, les BNN ont conquis le public définitivement, qui hurle à bâtons rompus, moment que choisit bien sûr BNN pour lancer son single, de basse, de violon et d’accordéon vêtu, mamamia, on en redemande… Mais il est bientôt 21h20, et après un dernier rappel où les BNN se lancent dans une impro totale, il est temps de partir… voir Joakim live, et vous verrez  que j’y perds à peine au change. J’avais entendu parlé du patron du label Tigersushi (Poni Hoax, Panico) sans savoir quelle musique le boss jouait personnellement. J’ai bien fait de suivre mon intuition… me voilà devant quatre grenouilles kermitte en train de diffuser une musique orbitale, évoluant comme un genre de post-rock, avec sur scènes deux guitares, un synthé et une batterie. Pink floyd ou Godspeed you black emperor ! qui aurait croisé Kraftwerk… si si je vous promets… Puis l’ambiance devient insensiblement plus dansante, on se retrouve emporté malgré soi dans une synth-pop électro, puis un duo laptop/ guitare. Joakim l’homme-orchestre chante, joue de la guitare, du piano électrique, bidouille des machines… quelle découverte ! Le cœur tout jouasse, je me dirige vers Messer Chups, que j’attends de voir depuis un bout de temps. En effet c’est rigolo : sur fond d’images de vieilles séries B d’épouvante et de science-fiction, Messer Chups, soit un combo russe formé d’une bombe sexuelle vêtue d’une robe rouge moulante et officiant à la basse, et d’un guitariste looké sixties à donf’, tisse une musique très narrative, évoquant les B.O. des films de Tarantino (on pense surtout à Pulp fiction). La bassiste, avec ses cheveux longs jusqu’aux seins et ses strass, est elle-même digne d’une héroïne de film, entre Chapeau melon et bottes de cuir et Star Trek. Suivent un chouia de Maximo Park, une onde d’Ellen Allien et une pincée de Mandrak, mais faute de temps, et puis, alimentation et hydratation oblige, le prochain concert où je peux vraiment me poser et écouter un peu est celui de Nathan Fake, que j’ai loupé aux dernières Nuits sonores à Lyon. Et qu’est-ce que c’est doux, épanouissant et rassérénant pour le corps et l’âme ! Le live commence en compagnie de James Holden par Grandfathered : de grandes nappes, comme des rayons de lumière, envahissent la salle. On se sent tout cotonneux, tout love.. Puis The Sky was pink, le morceau remixé par Holden qui fit découvrir Nathan Fake, scotche l’assemblée qui ne s’attendait sans doute pas à goûter de ce miel-ci à Dour. Des gerbes de sons fleurissent de toutes parts, enveloppant l’espace et le colorant de mille feux. Vient enfin un morceau tout végétal, où perçoit comme des bruits de bambou et d’okarina, composant le ressac d’une vague mentale… merci, merci Nathan, ce fut plein de grâce, le mot n’est pas trop fort. Après cela, il me fallut un petit temps pour atterrir, mais j’étais tellement bien sur mon nuage que lorsqu’on m’invita à me trémousser une nouvelle fois au son de Miss Kittin, j’acceptais avec joie. Comme d’hab’, la miss sait chauffer son public.. Je me laisse porter jusqu’au bout de la nuit, que je finis avec le sublime John Lord Fonda, toujours aussi péchu. J’en suis qu’au premier soir, et déjà je pourrais partir avec la sensation du devoir musical accompli !

(Birdy Nam Nam au club circuit marquee - Photo de Tom Tom) 

 


 


Jour n° 2

 

Le vendredi fut un peu moins riche pour ce qui me concerne. Fatigue, mauvaise organisation, et tout simplement une programmation dans laquelle on a moins ses repères… Un festival ça peut se vivre de tas de manières différentes : en se laissant porter par son intuition ; avec un plan d’attaque bien précis ; en militant enragé ou en curieux découvreur .. et surtout chaque jour se vit différemment, si l’on parvient à bien placer ses pauses, selon les rencontres, les problèmes de batterie, de tickets boissons, de sandwich ou selon la motivation… Pour faire court, je dirais que si le jeudi a été mon jour héroïque, le vendredi fut mon jour raplapla ! Mais assez de circonvolutions, rentrons dans le vif du sujet : j’arrive tardivement sur le site, vers 19h, et en naviguant je tombe sur Zita Swoon, que je regarde 5 mn, le genre ballade ne m’inspirant pas vraiment sur le moment. Je me dirige donc, les jambes coupées par mon marathon de la veille, vers le Club-circuit marquee pour voir Battles. Le concert a déjà commencé depuis près d’une demi-heure…mais ça vaut le coup. Guitares lancinantes, chant hypnotique : l’aspect d’une cacophonie maîtrisée. Une des choses spécifiques à Battles : comme les deux guitaristes du groupe jouent aussi du synthé, et parfois en même temps, cela donne des sons de piano électrique joués comme de la guitare, et des sons de guitare parfois joués comme du piano électrique. Et puis il y a un son bien à eux, formé d’aigus, comme des brisures de verre, des giclures de musique : du Pollock musical, action playing ou dripping synthétique… Le son reste pourtant encore un peu jeune, on le sent bien, mais on ressent aussi, par rapport au concert parisien du Nouveau Casino en avril, un quatuor plus détendu. Allez, affaire à suivre ! Je tombe ensuite sur Cuizinier et dj Orgasmic, que le dance hall nous servait à 19h45. Cuizinier, l’un des trois membres du crew TTC (les deux autres étant Teki Latex et Tido Berman) improvise en grande partie sur les disques que passe dj Orgasmic. Et ce dernier ne se refuse rien, il parvient même à faire bouger le public sur la vielle dance de Reel 2 Real (  I like to move it, move it  ) et à transformer ce single ultra sex et léger en tentative de soulèvement  populaire… Une cuisine explosive, notamment lorsque les deux acolytes de mister Cuizinier (Teki et Tido) débarquent sur scène, font monter une vingtaine de filles, dansant et allumant le public sans vergogne.. well, moi qui était dans ma phase « ouverture au hip-hop », j’allais être servi, car après TTC venait Bauchklang, un combo autrichien (« bauchklang » signifie son –« klang »- du ventre - « bauch »- ) de six voix, six voix mais pour le croire, il faut le voir et l’entendre. On cherche comme un chien fou les instruments, le mirage est total, Bauchklang est en effet bien plus qu’une simple performance de beatbox, c’est de la vraie musique, flûte alors ! Il y a une chose dont on parle souvent : l’idée que la machine aurait rattrapé l’homme, l’image de la chute du champion d’échecs Kasparov contre un super ordinateur, et en musique, l’idée que les instruments prennent une telle place que la voix humaine finit par être futile, que l’esthétique et la pensée humaines sont entièrement influencés par l’ordinateur et ses corollaires (synthés, programmes, etc.). Mais on ne parle jamais de cette autre transformation : quand l’homme imite la machine à la perfection ! Et bien Bauchklang, c’est ça, et on ne saurait mieux titrer que cet article de l’Humanité : « Bauchklang, ou quand l’homme remplace la machine ». Alors d’accord, ça fait déjà quasiment dix ans qu’ils existent, mais pour tous ceux qui comme moi qui se lancent seulement dans la découverte de ce genre, et bien ça vaut encore le coup de le signaler, non ? Après ce spectacle étonnant, je me laisse porter par mes jambes jusque Don letts dub Cartel, du dub riche de pleins d’influences. J’arrive à la fin de Mercury Rev, hélas, et puis le temps d’une pause et d’un sandwich (mes jambes n’en peuvent plus !) je repars pour Fischerspooner. Une synth-pop barrée façon eighties, entre New Order et Danny Boon… Le chanteur nous fait tout un show à l’américaine : il monte sur les pylônes de la scène, prend la pose de l’homme qui valait 3 milliards sous un flot d’air envoyé par un ventilateur géant, change dix fois de costumes… Mais il se produit une réaction incroyable dans la foule, et je dois dire que, si jusque là j’étais assez en phase avec le public de Dour, j’ai été éberluée par son attitude. Certes Fischerspooner se fait attendre, certes le chanteur est capricieux, certes il se prend pour Superman... mais enfin ça fait partie du jeu de scène, on aime ou on aime pas, et si on aime pas on s’en va ! Pourtant le public se met à jeter des dizaines de bouteilles sur la scène et les pauvres danseuses qui sûrement n’ont pas leur mot à dire sur la chorégraphie. Elles doivent jouer un jeu de jambes habile pour éviter de s’en prendre une sérieuse sur le crâne, tout en continuant à danser. C’est pathétique, et j’ai honte d’être assimilée à ce public qui mélange tout… Après Fischerspooner, je suis un peu las, et surtout fatiguée.. Je me souviens d’être allée voir un bout de Space Djz, et d’avoir patienté jusqu’au dj set de TTC, mais sur ce qui s’est passé à ce moment-là, vous n’en saurez rien, car je dormais les yeux ouverts.. Allez, on se rattrapera demain !

(Bauchklang dans la tente du Dance hall - Photo de Tom Tom) 

 


Jour n° 3

 

Le samedi 15 juillet, récupération oblige, je me réveille super tard… Arrivée sur le site du festival, aï aï aï, je me rends compte que j’ai déjà loupé Ms. John soda et les Georges Leningrad... Flûte alors ! Je flâne donc un peu jusqu’au club-circuit marquee, où se produit un groupe de rap hollandais, Opgezwolle. Deux chanteurs sur scène, un scratcheur pour un son qui, pour peu que je connaisse, me semble assez classique, dans la lignée d’Assassin. De toutes façons, pas le temps de flâner, puisqu’à 18h15 commencent les Islands, groupe canadien fondé par un ex Unicorns, un véritable orchestre sur scène : deux violons, une guitare, une basse, un basson, un synthé et une batterie. Les morceaux d’Islands sont des alliages de franche gaieté -mêlant pop musique et bal folk- et de mélancolie, les violons s’étirant en longs pleurs, accompagnant un chant doux et candide, évoquant celui des anglais de Belle and Sebastian. Les plus beaux moments musicaux sont, à mon avis, ceux où les deux voix féminines et masculines du groupe s’unissent, et l’on pense aux Catcher’s, une beauté fragile et hybride… Le cœur léger, je m’en vais me ballader sur le site du festival, qui regorge d’activités diverses : on peut se faire masser au stand d’une grande marque de soda, laver son t-shirt, se brosser les dents… « A quand les sandwichs gratos ? » je me demande…Et de me laisser tenter par une scéance bras de fer –mon membre gauche s’en souvient encore- et une bataille de boudins en plastique, avant de regagner mon avant-poste de chroniqueuse devant le théâtre des Puppetmastaz. Il est 20h15, le concert ne commence que dans 20 mn, mais la salle est déjà remplie…Hum, j’ai un peu peur pour mes pieds à moitié nus, exposés à toutes les vicissitudes des tatanes de festivaliers, mais enfin, après l’arrivée d’une grenouille, d’un lapin, et de deux O.P.N.I., comprenez Objets Poupées Non Identifiés, mes craintes s’évaporent, je retourne en enfance et suis toute absorbée par le show qui se déroule devant moi. Au fur et à mesure des beats moqueurs de ce faux gangsta d’animateurs s’ébauche une histoire de clones, de bouc émissaire et de vengeurs masqués. Kermitte décapité réapparaît flambant neuf sous la forme d’un imposteur. Je lâche mon stylo, mes impératifs, mon devoir, car je n’ai qu’une chose à dire : à voir absolument ! Avant le prochain rendez-vous musical qui se déroule dans la tente en face, je fais un petit tour du côté d’I am X, que je ne connais absolument pas, mais dont j’apprends qu’il est le projet solo de Chris Corner des Sneaker pimps, que j’ai appréciés autrefois. Pour info, les fans de Coldplay et Muse devraient aimer… C’est efficace, le rythme est bien planté, les morceaux prennent parfois un accent dance qui en fait quelque chose d’un peu original, mais vous l’aurez compris, je ne suis pas convaincue, et après repas et changement de chaussures, j’attends avec impatience Christian Fenesz, qui développe dans un tout autre genre une électronica aux confins de la musique expérimentale et pop. L’autrichien, qui utilise en même temps une guitare électrique et un ordinateur, est un homme prolifique, qui a collaboré avec de grands musiciens expérimentaux comme Ryuichi Sakamoto, Peter Rehberg, Keith Rowe.. L’ambiance du concert de Dour est profonde et aquatique, beaucoup de gens dans la salle ont d’ailleurs le réflexe de s’asseoir, fait peu habituel ici. Des ondulations lentes et lascives à l’amplitude cosmique croissent et mangent l’atmosphère à un rythme infinitésimal, parfois c’est une immense vague munie d’un cœur, centre névralgique de mille et une nervures...  Ou c’est un vent, aérien et léger, captant des cris, recevant en son sein les échos du monde. La nature, donc, est fortement présente, ainsi qu’un géométrisme latent, qui rend la musique de Fennesz très picturale, et très belle. Peu après je passe sous la tente du dance hall devant Hexstatic, un duo signé sur Ninja tune et qu’on m’avait vivement recommandé. Mais après un remix de Pro-dj et un autre de Kris Kros qui ne me convainquent pas, je m’en vais voir Arab Strap, sur l’une des grandes scènes en plein air. Le groupe vient de la scène post-rock écossaise qui s’est créée en même temps que Mogwai et d’autres groupes. Ils ont d’ailleurs émergé sur le même label, Chemikal underground, et ont collaboré ensemble pour The Red Thread. Les morceaux sont lents et graves, comme chez Sophia, la voix se rapproche de celle du sublime Nick Cave, forte et envoûtante. Une musique de la mémoire, une musique de ciels brumeux et de matins neigeux… mais pas le temps de m’attarder, car en même temps se joue T. Raumschmiere, que je n’ai jamais vu en live, contrairement à Arab Strap (ben oui parfois on arrive pas à choisir !). Et je ne regrette pas d’avoir fait faux bond aux musiciens de Glasgow parce que Raumschmiere est en pleine forme apparemment, se déchaînant comme un iguane sur son synthé. On serait tenté de comparer le bougre à un Iggy Pop électro, avec une dose de titane en sus. La combinaison des machines et d’un son métal-punk est détonante et étonnante, elle laisse la moitié de la salle éberluée et l’autre complètement hystérique. Blietzkrieg, le dernier album de Raumschmiere, alias Marco Haas (qui est aussi le fondateur de son label, Shitkatapult), porte bien son nom, ça se vérifie en live.. Et décidément, pas le temps de traînasser, car à une demi-heure de décalage joue Jimmy Edgar, une des dernières signatures de Warp. C’est minimal, et cinglant comme un fouet. Musical et dansant (ou « étonnant et dansable », pour reprendre le titre d’une série de soirées qu’organisait il y a quelques années le Batofar). J’en profite agréablement, mais l’heure tourne, et le grand Derrick May a déjà commencé à quelques mètres de là ! Derrick May, pour le présenter en une phrase, est l’un des trois piliers de l’invention de la techno à Detroit dans les années 80’, avec Juan Atkins et Kevin Saunderson. Loin d’avoir dit son dernier mot –il n’est encore âgé que d’une quarantaine d’années- Derrick May a su booster le dancefloor de Dour au son d’une transe minimale et chaleureuse, sous la boule à facettes géante du dance hall. Mais après une heure de set, nous avions quand même envie de mettre un peu le nez dehors, et par hasard nous tombons sur un inconnu rigolo, Hugo Freegow, - un belge enfin ! - jonglant tantôt avec du dub, tantôt avec de la dance des 90’, du rock, du cha-cha-cha… tout un patchwork coloré. Un drôle de loustique ce monsieur qui choisit son frigidaire pour surnom… Bon, et puis comme c’est l’avant-dernier soir, je me paie le luxe d’une discussion au petit matin avec quelques festivaliers rencontrés par hasard.. ce qui me permet de vérifier cet axiome que décidément, les douristes sont super ouverts d’esprit ! Bon, suffit les conneries, dodo maintenant…

 

Jour n° 4

 

Sniff, déjà la fin ! J’émerge doucement de ma courte nuit, réveillée par une chaleur torride et les concerts qui ont commencé depuis 11h du matin figurez-vous…Depuis trois jours la poussière s’est accumulée dans nos organismes, ce qui fait que la scéance mouchoir révèle quelques surprises… Mais c’est le dernier jour, et puis toujours avec ma méthode Coué je me dis que je suis une warrior et que ce n’est quand même pas ça qui va affecter le moins du monde ma passion pour la musique. Hop, 16h sur le site, ça commence par Gravenhurst, encore du Warp (qui a dit que le label était mort ?!), et je suis assez curieuse car malgré leur grande tournée je ne les ai pas encore vus : en résumé une voix aérienne, une énergie vitaminée, entre punk et pop. Les arpèges coulent comme un lent ruisseau, peu à peu le ruisseau se fait torrent, fleuve, enfin mer déchaînée de tourbillons… Un peu comme Mogwai sait le faire sur des titres comme Christmas step (sur Come on die Young), Gravenhurst pose des atmosphères qui s’étirent, s’étirent comme du chewing-gum, jusqu’à ce que cette tension fasse naître un orage, et que l’orage éclate. Des couches de stratosphère musicale formant des cumulo-nipmbus, nuages fibreux, filets de flocons gris aux densités électriques - notamment sur le titre Black holes in the Sand, également nom de leur dernier album. Ou bien les guitares dessinent des déserts, atmosphères hypnotisantes où le son devient mirage, envoûtement, et l’où viennent se coudre quelques nappes électroniques. Une forme de Haute-couture… Je n’avais pas fini de nager dans des atmosphères oniriques, car après Gravenhurst m’attendait Final Fantasy. Un one-man band, représenté par le violoniste d’Arcade Fire, le canadien Owen Pallet. Ce magicien d’Oz mâtine sa voix comme un enfant, ou la pousse et la transforme en cri d’ogre, tout en samplant ses airs de violoncelle. Un batteur le rejoint au bout de vingt minutes, aidant à la naissance de l’enfant-monstre, déroulant une chrysalide de grâce et de délicatesse. Et pour finir, une touche d’humour : Fantasy de Mariah Carey, maquillé à coups de samples de cordes, pizzicati, ou de coups de archets sur le corps de l’instrument. Décidément, ce jeune homme à l’allure d’écolier bien sage est étonnant… après cela, je dispose d’une heure pour flâner en attendant mon prochain rendez-vous. Les recommandations de Tom et la curiosité me guident donc jusqu’à La Souris Déglinguée, un groupe de punk qui sévissait dans les 80’. On ne se refait pas non plus, je ne pourrais pas vous en parler intelligemment, n’étant pas une spécialiste du punk français, mais enfin, un ppetit bol d’air musical ne fait pas de mal, aussi je continue dans ma lancée décrassage de préjugés avec Disiz la peste. Hum, musicalement c’est pas si mal, il y a quand même sur scène guitare, contrebasse, scratchs et batterie, mais aussi quand Disiz demande à l’assemblée de répéter « fuck you », ou « je suis un gosse des banlieues », je me dis ouh là là, un peu agressif et sectaire pour moi le petit là… Mais ça y est, les Bell Orchestre que j’attendais de voir avec impatience viennent de monter sur scène ! Le son du chapiteau est très mauvais par contre.. mais les Bell orchestre, tous de blanc vêtus, parviennent à maîtriser enfin les larsens, et leurs sirènes peuvent s’envoler librement. Ensuite une pause repas, un échange de tente, et me voilà devant Matthew Herbert pour la fin d’un live très orchestral, avec notamment des femmes choristes. Well, j’accroche un peu moins que ce qu’il faisait au moment de Plat du jour, un album complètement concept et politique, lutte organisée contre la mal-bouffe et la mondialisation dévastatrice, où le nombre de bpm prend une signification symbolique… Bon allez j’avoue, le dernier jour le stylo m’est tombé des mains très vite, et j’ai pas grand-chose à vous dire sur les Dandy Warhols, les Fils de Teuhpu et dj Missill, à vrai dire j’étais trop occupée à causer musique et à faire la fête avec mes nouveaux amis : ben oui, c’est ça aussi Dour !

 

PS: merci Tom Tom pour les photos !

 

 

 

 

 

 

 

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