Voyage en Ososphère

Publié le par Ether


Voyage en Ososphère


Non, Ososphère n'est pas le nom du dernier K-Dick, ou un poème oublié de William S. Burroughs, mais le titre d'un festival -aussi barré que l'Interzone elle-même- qui s'est tenu à la Laiterie à Strasbourg le week-end dernier. Des néons colorés, émettant des sons de cosmos, nous avaient avertis dès l'entrée : il ne s'agit pas ici seulement de musique électronique, mais d'un concept punk et festif, où se mêlent expérimentations radiophoniques et performances plastiques. De quoi réj-ouïr nos yeux. Mais rassurez-vous, les oreilles en ont aussi pris plein la vue...

En deux jours de festivals, on aura pu écouter une bonne douzaine d'artistes, sur la petite quarantaine qu'avaient invités les organisateurs. Et parmi eux, quelques bonnes découvertes, comme Teenage Bad Girl, ces autres héritiers des Daft Punk, qui décidément n'en finissent pas de se réincarner. Cette fois pour le meilleur :un son très 8-bit music, pêchu comme un Vitalic (auquel ils doivent leur signature sur son label, Citizen) et rock n'roll comme un Justice. Usant à l'envi de distorions et de synthé, plaçant originalement un solo de guitare entre deux phases planantes. Autre découverte, Yursek pratique quant à lui un breakbeat abrasif, froid et funky, agrémenté de gimmicks et de riff rock (le sieur porte d'ailleurs sur son t-shirt la tête d'Elvis Presley, des fois que l'on aurait pas compris le message).

Rayon grosses pointures aux machines, la soirée du vendredi a démarré en beauté avec les Scratch Massive. Seb Chenut est semble-t-il dopé à la vitamine C, puisqu'il danse et se dandine sans retenue sur la petite scène du Dôme. A la croisée de la deep house et de la minimale new wave, leur performance est impeccable, et les « Happy Happy » qui serpentent de ses lèvres, envoûtants. Et puis, on en parlait depuis longtemps sans jamais pouvoir le voir vraiment, on aura donc pu constater de par nos propres yeux que Terence Fixmer mérite bien la réputation de méchant garçon qu'on lui prête: le son est rude, une électro-tek glacée, une sorte de dance aux accents industriels, renforcée par la voix du chanteur Mac Carthy qui se déchaîne à coups de Fuck you! Fuck you! » et « Destroy! Destroy! ». C'est décidé, demain je me fais une crête. Missill, quant à elle, a livré un set assez rock (du moins ce qu'on en aura vu), sautant de partout comme une horde de puces à elle toute seule. Respectable, mais pas original, contrairement à Smagghe et Chloé. Ivan avait-il bouffé du dj ce matin-là au petit déjeuner? Ou alors est-ce l'effet tonte, qui lui réussit mieux qu'au Samson grec? De quoi alimenter les colonnes people des magazines électro... Un autre Hercule de la musique que ce Dj Hell décidément, mais plutôt viking celui-là, blond comme les blés. Les finals de festivals lui vont à ravir, à telle point qu'on en perd toute notion du temps. Une musique planante, prenante, évolutive...

Le samedi nous a offert plus de sensations rocks, avec des groupes comme Architecture in Helinski (qui par leur pêche d'enfer et leur bonne humeur contagieuse sentent bon les plages de Melbourne et le kangourou), les Dead 60's (The Verve qui aurait croisé Metallica, vous aviez crû ça impossible?), Adam Kescher (sorte d'Art brut frenchy) (« Cette chanson parle de Walter Benjamin, un écrivain qui s'est suicidé (...) est-ce que vous pourriez vous foutre à poil? ») ou encore les Black Strobe. Un groupe qui annonce la couleur, si je puis dire, puisqu'ils déambulent sur scène tout de noir vêtu, genre « méchants métalleux ». Il s'agit pourtant d'un projet formé par... Smagghe et Rebotini! Hélas, on n'en verra que la fin, pas assez pour en faire une critique construite, en tous cas suffisamment pour qu'ils nous donnent envie de retenter l'expérience.

Nathan Fake semble pour sa part en dérouter plus d'un, puisque ses sets de plus en plus punchy tranchent avec ses albums calmes et extatiques (et accessoirement, sa gueule d'ange). « Tonight, it's gonna make noise! » nous avait-il pourtant prévenu quelques minutes plus tôt au détour d'un micro... Para One encore une fois mérite ses galons d'entraîneur des foules: il grince des dents de plaisir tout en lançant ses boucles groovy, et le public lui rend bien. Toute la salle a les yeux rivés sur la scène et les bras en l'air. Seul hic: J-B a planté son ordi plusieurs fois, il faudra donc que ses fans se décident à lui racheter un ordi. Mais Monika (Kruse) n'a quant à elle aucune excuse. La blondinette frisée s'est quasiment permise une scéance salon de thé en plein set, délaissant complètement un public esseulé et déçu (et qui par ailleurs n'avait en fin de soirée plus rien de soft à se mettre sous la dent). Monika, mais pour qui tu te prend????

That's it. L'Oso, c'était bien. On le mettra même dans notre top 5 des festoches électro en France. Alors, pour peu qu'une petite choucroute et une Fischer vous tentent, on vous le recommande chaudement. See you next year...

cf article sur sensationrock.com

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